La Cie des Eaux et des Forêts
Le festival de théâtre Dans le Jardin ou Ailleurs a été provoqué par la pandémie. Nos campagnes d’autant plus refermées, les artistes ne pouvant se produire, travailler.
Je suis d’une vieille famille du coin, entre Berry et Bourbonnais. L’Allier. J’aime ce pays.
C’était une « vieille » idée : apporter de la culture par le biais du théâtre, ici, dans un lieu qui en est éloigné. Avec tous ses bienfaits, parenthèse, évasion, découverte de textes, liens entre toutes et tous, joie, partage et ce, quels que soient le milieu, la culture et les générations. Avec une billetterie responsable - on donne ce qu’on veut et ce qu’on peut à partir de 7 € en 2024 - afin que le plus grand nombre puisse assister au spectacle. Et ce, dans un jardin qui participe à la magie.
En pleine pandémie, quand tout s’est arrêté, si nous n’avions pas de lieu, nous avions une compagnie, la Compagnie des Eaux et des Forêts et un jardin.
La Cie créée en 1986 avait proposé, il y a bien longtemps, deux spectacles, Mademoiselle Else d’après Schnitzler - Beaubourg, Café viennois, exposition Vienne 1900, Grenier à sel, Avignon et Dialogue de courtisanes d’après Pierre Louïs – Théâtre des Quartiers d’Ivry/Avignon les deux mis en scène par Daniel Berlioux. Puis, la Cie s’est endormie.
Le jardin, terrain inondable, un marécage, a vu le jour il y a onze ans suite à une représentation de théâtre à l’Arboretum de Balaine apparu alors comme un jardin d’eaux. N’était-ce pas possible d’en créer un, ici, en dépit de l’eau ? Voilà qu’il accueille depuis quatre étés, trois, puis deux scènes, des équipes, des publics.
Le festival, c’est aussi une histoire de théâtre et d’amitiés. Une histoire de rencontres, ici, là, de correspondances, tous ceux-là qui y ont cru, ici, au pays, et ailleurs, et m’ont fait confiance, nous font confiance.
Le territoire qui nous intéresse, nous sommes au nord de l’Allier, est aux frontières de trois départements et de trois régions, frontières qui dans le quotidien des habitants n’existent pas. Il couvre un cercle englobant les trois « pays » : l’ancien Pays de Lévis, celui du Bocage bourbonnais, enfin celui de Tronçais ; les villes moyennes de tous côtés, Moulins, notre ville de référence, Nevers, Montluçon, Bourges, et au-delà. Des spectateurs viennent désormais de plus loin, Cusset, Vichy, Clermont-Ferrand, Paris. Et le cercle ne peut que rayonner.
Dès le départ nous fûmes soutenus par la commune de Lurcy-Lévis et le département de l’Allier, puis la Drac Auvergne-Rhône-Alpes, ainsi que par des entreprises locales de Lurcy-Lévis, dont le Circuit de Lurcy-Lévis, le Crédit agricole et Diam. De nouveaux partenaires s’ajoutent. La Scierie Bourdier par exemple.
Les théâtres des environs de la même manière nous soutiennent avec confiance et générosité - Le P’tit Bastringue, Le Footsbarn Travelling Theatre, le Théâtre des Îlets, CDN de Montluçon, puis Le Cube, La belle Meunière, Les Antiaclastes et le Théâtre municipal de Moulins - en nous prêtant du matériel, projecteurs, gradins etc. que bien sûr, nous n’avons pas.
Ce sont désormais des liens dans tous les sens puisque la Cie a engagé des comédien.nes locaux, Barbara Kilian, Michel Durantin, comédien mais également directeur du P’tit Bastringue, André Salzet, sur une création en 2022Grand peur et Misère du IIIème Reich de Brecht et que Le Footsbarn est venu jouer au Jardin en 2023 En attendant Godot de Beckett.
Enfin nous sommes partenaires du festival « Un été dans mon village » (Cie Attrape-sourire) que dirige Barbara Kilian, auquel est également associée la Cie La Volga. Et les liens ne cessent de se multiplier, avec des théâtres hors région comme le Théâtre Public de Montreuil par exemple qui va revenir cet été au Jardin.
La programmation se veut éclectique, sans thème. C’est un équilibre entre les spectacles, entre chaque soirée - deux spectacles/soir, l’un à 18 heures à l’ombre, l’autre à 21 heures - et sur l’ensemble du festival. À un moment donné, « ça fait sens ». Tout cela étant subjectif, bien sûr ! On peut assister à un spectacle, à la première soirée, à la deuxième… On peut assister à l’ensemble. Le spectateur qui voit « tout » passe d’un monde à un autre, jusqu’à 11 spectacles différents.
La Cie des Eaux et des Forêts travaille depuis la deuxième édition avec le Centre social de Lurcy-Lévis et offre, grâce au dispositif « Été culturel » proposé par le Ministère de la culture depuis la pandémie, une représentation aux enfants de centres de loisirs de différentes communes. Pour qu’un plus grand nombre d’enfants puisse bénéficier du spectacle. À ce jour, 240 enfants de Lurcy-Lévis, Bourbon-l’Archambault, Saint-Bonnet-Tronçais, Marcillat en Combrailles, Saint-Menoux ont assisté à Alice au pays des merveilles (2022), au Petit Poucet (2023) par la Cie Les Assoiffés d’Azur. À la représentation du Petit Poucet en 2023, se sont ajoutés l’association de seniors La Chesnaie, des jeunes du coin à partir de 13 ans - les adolescents participaient à La journée de découverte du théâtre que proposait la compagnie, toujours dans le cadre du même dispositif « Été culturel » - et un groupe de scouts du Pas-de-Calais accueillis au Château de Lévis. Nous espérons des résidents de l’Ehpad de Lurcy-Lévis cette année. Mélanger les générations, comme dans la vie nous importe, que ce soit côté équipe, comédien.nes et public.
En 2024, nous passons une frontière ! Les enfants du Centre social de Decize (Nièvre) s’ajoutent. Peut-être ceux de Livry, de Saint-Pierre-Le-Moutier. Nous espérons toujours Le Cher !
Ce partenariat ne cesse d’évoluer, liens encore depuis le début, avec Audrey Fargeix, Pierre Giraud et désormais Julien Rabeisen. Cette année, le Centre social propose une garderie pour les enfants (jusqu’à 7 ans) permettant aux parents qui le désirent d’assister à la représentation du samedi à 21 heures de Parle, envole-toi ! ou comment le théâtre m’a sauvé la vie.
Les élèves des « classes apprenantes » du collège de Lurcy-Lévis, en itinérance, camperont sur la commune de Couleuvre le 22 au soir après avoir assisté à la représentation de Maquisard.
La Cie des Eaux et des Forêts offre depuis deux ans une Journée de Découverte pour tout jeune présent sur le territoire (à partir de 13 ans et sans limite d’âge) qui s’articule cette année autour de 3 moments :
Une visite du lieu et comment on transforme un lieu non dédié en lieu théâtral avec rencontres et approche de différents postes, la régie, la technique, les comédiens sur place, l’administration, la buvette/restauration, le jardin etc…
Deux ateliers en rapport avec la biodiversité dirigé par Arnaud Bayle « L’Artisan naturaliste »
- Les petites bêtes du jardin
- La fabrication d’une porte en bois flotté pour le passage du public.
Un « Ailleurs » existe depuis deux ans déjà. Il avait toujours été espéré, rêvé.
En 2022, Alice au pays des merveilles s’est joué à Saint-Bonnet-Tronçais. En 2023 L’Iliade (Cie Bravache) s’est donnée sur la place de la mairie de Lurcy-Lévis lors du marché du lundi, puis au Petit Peuple du Bocage, tiers-lieu à Château-sur-Allier.
La médiathèque de Lurcy-Lévis est un Ailleurs qui perdure et se confirme, grâce aux liens tissés depuis le départ avec Carmen Baldwin, directrice, puis Jérome Bo, enfin Clarisse Lozé Paul. Cette année, ils accueillent deux sortes d’événements, une lecture, « Notre Jules » d’après Jules Renard, et deux expositions. L’une, sur La Libération (Médiathèque de Moulins) en liaison avec le spectacle Maquisard, l’autre rendra compte du festival depuis sa première édition et du travail mené par la Cie des Eaux et des Forêts.
Autre « Ailleurs » cette année grâce aux nouveaux liens créés avec Sophie Salager directrice générale de la Porcelainerie de Couleuvre, et Daniel Rondet qui en est le maire, la cour de la Porcelainerie, haut lieu du patrimoine industriel, fabrique créée en 1789, accueille le spectacle Maquisard.
Le festival, c’est aussi la création. Depuis 2021, 4 spectacles ont vu le jour à Lurcy-Lévis, Rameau le fou, Un homme c’est merveilleux, d’après A. Tchekhov, mise en scène Anne-Clélia Salomon, Grand peur et misère du IIIème Reich, d’après B. Brecht mise en scène Y.Pignot. Enfin La Cerisaie d’A.Tchekhov (texte français de J.C Fall), mise en scène Anne-Clélia Salomon, grâce, entre autres, à l’aide à la résidence du département de l’Allier. Il est question de diffusion désormais.
En 2024, il n’y aura pas de création au festival, exception qui confirme la règle ! C’est un choix. La troisième édition du festival (24/31 juillet 2023) ayant été particulièrement difficile à monter, abandon de certains soutiens, aides à la création et au projet refusées etc. et pour finir, ce fut un succès. Le public est venu de plus en plus nombreux et de plus loin - 600 spectateurs en 2021, 1200 en 2022, 1550 pour 2023. Une véritable inscription sur le territoire reconnue enfin par Moulins Communauté et La Région Auvergne-Rhône-Alpes. Soutiens vitaux, ô combien espérés !
La dernière édition a réuni 37 artistes, 40 bénévoles, et sans eux, encore une fois, rien ne serait possible, 107 enfants des centres de loisirs, 25 jeunes à la Journée découverte du théâtre, un régisseur général et 5 techniciens, tous professionnels et investis, c’est peu dire, 3 organisateurs dont une administratrice. Enfin 2000 repas ont été servis entre les équipes et les spectateurs.
Pour celles et ceux qui ont « tout vu » à Lurcy-Lévis, ce fut une semaine de découvertes et de théâtres différents, d’émotions et de musique. Un mélange de générations, des rencontres aussi ; on peut boire un verre ou grignoter entre deux spectacles au jardin, et à l’ombre. David Blouët, libraire de proximité était présent avec sa Libricyclette, cette année ce sera Le Moulins aux lettres, librairie indépendante de Moulins.
À Lurcy-Lévis, en 2023, des spectateurs de tous horizons ont vu Iliade d’après Homère, mise en scène Pauline Bayle, Théâtre Public Montreuil, programmée dans des théâtres comme La Bastille à Paris et La Croix Rousse à Lyon ! On peut voir de ces spectacles, Iliade n’en est qu’un exemple, avec tout le plaisir, le bonheur qu’ils procurent et ce n’est pas réservé aux grandes villes. Et de tous côtés, équipe comme public, c’est manifestement un plaisir savouré et partagé.
La Cantatrice chauve de Ionesco, une institution, 20 000ème représentation cette année au théâtre de La Huchette à Paris vient en 2024 à Lurcy-Lévis, ici, où tout est loin.
Mais aussi de jeunes compagnies, Les Assoiffés d’Azur venus trois années de suite, associés à la création du festival, les Chien Mange Chien, jeune compagnie du coin, de Saint-Caprais, et des comédien.ne.s avec des « Seul en scène », commençons par évoquer Yves Pignot et Julie Ravix, Alain Payen présents dès 2021, amis, ayant participé de mille façons à la création du festival et vrais soutiens de la compagnie, Malik Faraoun, ami encore, lisant des textes de Claudie Hunzinger, Jean Giono, Nastassja Martin, cette permanence de Dame nature, Mouss Zouheyri, Bruno Abraham-Kremer cette année.
En revoyant tous ces ami.es, ces artistes, ces théâtres, tous ces techniciens, à la régie, à la lumière, au son, ces bénévoles, ayant participé et participant à la création du festival, à son bon déroulement, il y a un même lien : générosité et engagement. Il faut vraiment le vouloir, il y a ce désir. À lui, répondent alors et à sa hauteur, l’envie d’en être, le plaisir des spectateurs.
2024. 4ème saison, c’est un tournant : il faut évoluer pour pouvoir assumer ce succès. Sans vouloir trop grossir, pouvoir plus sereinement continuer à accueillir et de beaux spectacles et un public toujours plus nombreux. Nous avons une belle équipe, engagée, dans tous les domaines. Nous avons des envies, des idées, pour la Cie comme pour le festival. Nous avons envie d’aller plus loin dans une réflexion et des propositions sur l’environnement, il va y avoir des lectures tous les jours du festival, nouveau rendez-vous. Ne pas toujours se répéter, inventer, créer. La programmation est belle. Encore faut-il que cela soit possible, il nous faut davantage de partenaires.
Ce qui s’est créé pendant la Covid, dans une forme d’urgence, est maintenant un événement attendu.
Il y a un vrai public à Lurcy-Lévis, nous y avons toujours cru. Il est venu, il vient, et de plus en plus nombreux, de tous milieux, de toute culture, de toutes les générations. Des habitants du coin, certains pour qui le théâtre était une première et qui reviennent, sans cesse de « nouveaux arrivants », des vacanciers retrouvant leur résidence secondaire, des touristes. Et les familles, les amis des uns et des autres venus voir les spectacles et qui découvrent par la même occasion Moulins, Souvigny, le bocage, la forêt de Tronçais, le Street Art City… Ce Bourbonnais, évoqué cette année au festival à travers la lecture de Cimes d’Ernest Montusès qui y décrit Hérisson, Chateloy, Vallon ou le spectacle Maquisard qui se passe entre Livry et la forêt de Tronçais. Un public populaire, célébré jadis par un Jacques Copeau, un Jean Dasté, un Jean Vilar. Tant d’autres !
Laissons la parole aux artistes
« Le premier souci pour un artiste participant à un spectacle est : " Le public sera-t-il au rendez-vous ?
À Lurcy-Lévis, il l'a été en quantité et en qualité, d'année en année plus nombreux et exigeant. Son intérêt, l'intérêt porté à l'écoute de grands textes, à des formes nouvelles de jeu, le plaisir de la découverte, et celui de se retrouver dans un espace ouvert bousculant toutes les traditions théâtrales. Voilà l'impression que je retiendrai avec un bonheur immense. Merci à ce public d'être venu et revenu. »
Yves Pignot comédien, metteur en scène, ex de la Comédie-Française.
« Le public des Jardins est un public curieux, chaleureux et bienveillant. Il semble savoir en arrivant que la soirée sera conviviale et vient dans cet état d’esprit. La qualité d’accueil du festival et le charme du lieu y jouent un rôle prépondérant. Nous avons reçu des applaudissements magnifiques et plusieurs spectateurs nous ont exprimé leur souhait de revenir. »
Loïc Renard comédien, Théâtre Public Montreuil.
« Quand j'ai accepté l'invitation d’Anne-Clélia à faire des lectures dans son jardin, j'étais à la recherche d'un rapport renouvelé et authentique avec le public après une carrière institutionnelle dans les "Grands Théâtres". À travers ces lectures, j'ai eu ce bonheur de partager avec le public de Lurcy-Lévis et ses alentours, une écoute, un plaisir candide et gourmand… Ce public disponible, loin des querelles esthétiques parisiano-parisiennes, sans lequel la représentation d'aujourd'hui n'est bien souvent qu'une messe sans dieu... »
Malik Faraoun comédien, professeur au Conservatoire à rayonnement régional de Versailles, ex de la Comédie-Française.
« Ma place est forcément singulière. Ce jardin est celui de mon enfance, mais c’est au nom de notre compagnie Les Assoiffés d’Azur que j’écris ces lignes : Nous sommes invités au festival depuis le début, Cabaret Prévert, Alice aux Pays des Merveilles et Le Petit Poucet, et nous avons découvert un public chaleureux, accueillant et friand de nos propositions ! Toujours « portés » par lui, c’est sous les érables magiques que nous aimons retrouver les visages de l’année précédente et en découvrir de nouveaux. Un moment de partage intense qui donne un sens à la représentation et à notre métier ».
Balthazar Monge comédien, metteur en scène.
« … Merci pour la joie, l’enthousiasme et la ferveur du public et de tous les organisateurs ! Merci pour ces moments de bonheur multiples. Merci pour l’échange, les yeux qui brillent !... Et quelle fidélité du public à toutes les propositions. »
Mouss Zouheyri comédien, ex professeur au Conservatoire de Montluçon. El Maestro.
Notre compagnie a pour objectif de diffuser la culture au plus profond des territoires
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